Ou comment retrouver ancrage et sérénité pour ne pas hypothéquer l’avenir
Apprivoiser le cheval fou qui est en nous. Voilà sans doute un des principe clé, du système éducatif des indiens Kogis, ce peuple premier de Colombie, qui n’a jamais rompu son alliance avec la nature. Ou comment permettre aux enfants, futurs adultes, d’atteindre un état de sérénité et d’harmonie intérieure, nécessaire pour une « juste » communication.
Les Kogis ne sont pas parfaits, loin de là. Comme toutes communautés humaines, ils ont des divergences de points de vue, des tensions et sont traversés par toute la palette d’émotions qui caractérise les sociétés humaines. La grande différence n’est pas dans ce qu’ils sont, mais dans les choix qu’ils font pour réussir à partager un « commun », et faire société sur leur territoire.
C’est le temps et les ressources qu’ils consacrent, pour accompagner les jeunes générations, dans la connaissance des mécanismes internes qui fondent leur façon d’« être au monde». Il s’agit, pour eux, d’apprendre à développer une « belle » pensée et une vie intérieure spirituelle qui tiennent à distance croyances, peurs et représentations, afin de penser justement les choses, et être en Yuluka, ce qui chez eux signifie : « en harmonie avec les êtres et le monde ».
Exemplarité des adultes, espaces « protecteurs » pour verbaliser ses émotions, ses ressentis, temps individuels et collectifs de méditation, d’introspection, de reformulation, partage de conseils métaphoriques font partie des pratiques enseignées. Le but est de permettre aux jeunes Kogis d’apprendre à « tisser leur vie», entre ce qui peut être maitrisé, les relations et l’imprévisible qui peut surgir à tout moment autour de soi.
Une notion fondamentale qui correspond au besoin de chaque individu de pouvoir construire une juste pensée et trouver leur voie, entre les multiples informations, sollicitations, phénomènes qui se présentent à eux.
Le temps consacré par les Kogis à apprendre à « apprivoiser leurs émotions, pour penser justement les choses », est lié à leur sens aigu des responsabilités.
Les conséquences de leurs actes, de leurs paroles et de leurs intentions, posées au présent, ont toujours des répercussions sur un futur dont ils se considèrent responsables. Cette perception du temps éclaire l’importance qu’ils accordent à la nécessité d’avoir une juste et belle pensée, condition pour ne pas hypothéquer l’avenir.