La crise que nous traversons, que les entreprises traversent, que les managers traversent, que tous les humains traversent, bouleverse nos représentations et questionne nos croyances.
Au final, cette situation déclenche des émotions qui voilent le réel, provoquent du « mal être » et tétanisent nos capacités de réactions.
Dans une crise, et celle que nous traversons est inédite par sa nature, son ampleur et ses conséquences, les réponses plus ou moins conscientes des dirigeants et/ou des managers, peuvent être de 4 ordres.
- Certains vont choisir la fuite, perçue comme nécessaire pour se protéger, ne plus être confronté à des difficultés qui déstabilisent, et fuir les émotions qu’elle génère. La fuite est une mise en mouvement « protectrice ».
- D’autre, vont laisser éclater leur colère, chercher des boucs émissaires, l’autre, le voisin, les chefs, le manager, l’état, coupable d’être à l’origine du chaos et du boulversement qui l’accompagne. La colère est une autre forme de « mise en mouvement », qui permet l’évacuation du stress.
- D’autre encore, peuvent risquer d’être « tétanisés », pétrifiés par une situation qu’ils/elles ne comprennent plus, sur laquelle ils n’ont pas de possibilités d’actions. Ne pouvant se mettre en mouvement, ils vont alors somatiser la situation, au risque du burnout et de la maladie.
- Il reste une quatrième possibilité, plus exigeante, plus difficile mais qui acceuille le surgissement, l’inconnu, le nouveau, comme un phénomène normal du vivant, avec lequel nous sommes invités à « danser », à créer, à imaginer. La co-création, avec ce qui « advient », ce qui surgit.
Dans le chao actuel, faire le choix du vivant,peut représenter un “cap” dans l’incertitude, et notamment, l’un de ces principes,« le vide et l’espace créateur. »
L’espace « vide » est nécessaire pour engager une démarche de co-création avec ce qui advient, mobiliser et mettre en mouvement les acteurs de votre équipe et de votre entreprise. La création de ces espaces « d’adaptation créative » nécessite :
- D’ouvrir des espaces de confiance, qui protègent et autorisent;
- D’accueillir les émotions, de les “re-connaître”, de les transmuter;
- De savoir mettre en place des outils d’intelligence collective;
- De permettre des espaces de co-construction et d’appropriation du sens.
Face à une situation inédite, dont on peut craindre qu’elle ne s’aggrave brutalement dans les mois à venir, les vieux réflexes reviennent : défense des territoires, peurs, paroles expertes, verticalité managériale aboutissant à une absence totale de dialogues entre les acteurs concernés.
Des situations qui risquent d’accélérer la souffrance, les burnouts, les phénomènes de replis sur soi, qui provoque l’incapacité des organisations à mobiliser les énergies créatrices permettant l’adaptation nécessaire.
La posture « juste » du dirigeant, ou du manager, sera non pas de donner la/les réponse(s), mais de permettre leur émergence collective, au bon niveau avec les bons outils.
L’ouverture de ces espaces, va alors offrir aux collaborateurs, aux équipes, la possibilité de transformer l’accumulation de leurs énergies négatives de stress, replis, fuite, colère et évitement, en créativité et ouverture vers de nouveaux potentiels.
« Vingt-cinq têtes pensent mieux qu’une seule.
De même que cinquante yeux, voient mieux que deux.
Il y a de tels problèmes dans la vie, qu’ils requièrent la meilleure solution, et pour la trouver,
il vaut mieux recourir à la communauté plutôt qu’à l’individu isolé »
Propos de la communauté Tojolabales (Mexique), rapportés par Carlos LENKERSDORF