9 décembre 2020, des chercheurs du Weizmann Institute of Science (Israël) ont publié, une étude scientifique dans la revue Nature intitulée « La masse mondiale produite par l’homme dépasse toute la biomasse vivante »
On y découvre que la masse de l’ensemble des objets solides inanimés fabriqués par l’homme dite « anthropogénique » est désormais supérieure à la masse du vivant sur Terre.
Cette étude est révélée alors même, que l’inventeur du terme « anthropocène » Paul Crutzen, est décèdé le 28 janvier dernier à l’âge de 87 ans.
Peu connu du grand public, ce chercheur néerlandais, co-lauréat du prix Nobel de chimie en 1995, propose le terme « Anthropocène » pour dénommer notre époque, dès le début des années 2000.
Ce mot anthropocène, désigne l’ère géologique actuelle de la Terre, caractérisée par l’impact des humains, qui ont une incidence globale, significative, sur l’écosystème terrestre. Autrement dit, depuis que l’homme impacte l’équilibre de la vie sur Terre.
Si nous sommes de plus en plus performants, dans la transformation de la matière (les biens matériels), ou dans l’intelligence artificielle, nous semblons balbutiants dans la connaissance de nos propres fonctionnements.
« Vous êtes très fort sur un plan matériel, mais sur un plan spirituel, on dirait que vous ne pensez plus le monde »
Mama Miguel DINGULA (Indien Kogi)
Nous savons fabriquer des quantités d’objets matériels, mais nous ne savons toujours pas précisément comment fonctionne notre cerveau. N’est-ce pas pourtant cet « organe » qui fabrique nos pensées, nos désirs, notre intelligence, régule notre rythme cardiaque, la sécrétion de nos hormones autant que la coordination de nos mouvements ?
D’une manière générale, nous ne savons pas vraiment comment fonctionne le vivant, et l’impact de nos relations, sur nos comportements. Malgré les 85 milliards de neurones, présents dans chaque cerveau humain, les machines pensent plus vite que nous, et nous sommes, en grande partie, ignorants de nous-même.
N’y a-t-il pas là, une incohérence vertigineuse dont nous devrions nous préoccuper ? Le sociologue Michel Maffesoli disait déjà en 2016, dans son Approche du paradigme postmoderne : « L’homme (moderne) se préoccupe moins de connaître que de comprendre, moins de comprendre que de dominer, et moins de dominer que d’utiliser. »
Les grandes découvertes résultent bien souvent d’analogies ou de mise en dialogue de différentes disciplines. Une approche poly-disciplinaire à laquelle nous invite depuis des centaines d’années, ceux et celles qui n’ont pas rompu leur lien d’alliance avec la nature, les peuples « autochtones ». Ces sociétés ne fonctionnent pas sur la base de loi, imaginées par des hommes, qui les changent quand cela les arrange, mais bien sur la base des principes du vivant, qui permettent la vie et fondent nos pratiques et nos comportements,
Identifier ces « lois du Vivant », les enseigner, les partager, ne serait ce pas là, une étape essentielle, nécessaire, pour l’évolution des entreprises, et l’écriture d’une nouvelle histoire commune ?